La Sécurité privée évènementielle – le point de vue d’AGP


Publié le 8 septembre 2023

Interview d’Anne COCHIN, co-gérante d’AGP Sécurité Evénementielle, entreprise de sécurité privée nantaise spécialisée dans les secteurs de la culture et de l’événement.

(Entretien réalisé le 4 novembre 2022)

 

Pouvez-vous présenter AGP ?

Quelle est l’histoire de votre société et votre cœur de métier ? Depuis combien de temps existez-vous ?

AGP sécurité évènementielle est une société de sécurité privée spécialisée dans l’évènementiel. Nous travaillons essentiellement avec le secteur associatif de la région nantaise et de la Loire-Atlantique depuis 2010.

Nous sommes 2 co-gérants : Marco Rannou qui s’occupe de la partie commerciale et gestion de terrain, et moi qui m’occupe plutôt de la partie administrative, gestion du personnel et gestion de l’entreprise.

La sécurité évènementielle couvre des évènements plutôt ponctuels, par exemple les concerts, les salles de spectacle ou sur des festivals.

Nous recrutons des agents de sécurité toute l’année pour pouvoir répondre aux besoins de nos clients, qui varient d’un mois à l’autre, d’une saison à l’autre, ou d’un évènement à l’autre. Il y a dans cette activité évènementielle une sorte de saisonnalité, avec des pics d’activité.

 

Combien de salariés employez-vous ?

Je vais prendre l’année de référence 2019, avant la Covid et l’arrêt de toute l’activité évènementielle.

En 2019, nous étions 17 salariés équivalent temps plein, sachant qu’il n’y avait qu’un seul CDI en administratif. Cela veut dire que tous les autres contrats étaient des salariés ponctuels, en temps partiel, avec de multiples contrats par mois, par année, de diverses durées.

Sur l’année 2019, 229 personnes ont travaillé avec nous. Certains agents ont fait avec nous 4 festivals dans l’année, et d’autres agents ont travaillé avec nous toute l’année, faisant 30 ou 40 heures par mois sur 10 mois.

Nous avons des temps forts, et notamment pendant la période des festivals. Par exemple, pour Les Escales de St Nazaire, nous sommes environ 130 agents sur site pour l’ouverture. Et pour couvrir la semaine jusqu’au week-end d’exploitation, il nous faut à peu près 150 agents pour la prestation, les rotations de nuit, les gardiennages 15 jours avant… Pour La Nuit de l’Erdre, nous sommes aux alentours de 110. En parallèle, pour faire un concert à Stéréolux, il faut 8 agents.

Ce n’est donc pas la même chose d’être en rythme de croisière sur des salles de spectacle ou sur la saison des festivals.

 

Vous nous parlez d’une importante particularité de votre activité : la saisonnalité. En termes d’organisation, j’imagine que le maitre mot est l’anticipation ?

Oui l’anticipation… Et le recrutement.

Il faut vraiment avoir un réseau d’agents important pour pouvoir assurer ces prestations et ces rotations. En plus de 10 ans d’activité, nous avions notre fonds de roulement d’agents, même s’il y a beaucoup de turn-over dans la sécurité privée. Donc ça se faisait plutôt bien. Depuis la Covid c’est un peu plus compliqué, pour les recrutements et pour garder les agents. Donc on se réorganise et on recrute en permanence.

Mais il est aussi possible de faire de la sécurité évènementielle dans les salons, par exemple à la Beaujoire. Pour les sociétés de sécurité privée qui travaillent dans ce secteur, le rythme n’est pas du tout le même. Ils travaillent toute l’année, à partir de septembre, mais n’ont rien l’été. En termes de recrutement, ils ont besoin de moins d’agents, et ces derniers travaillent de manière plus régulière.

Nous sommes aussi sur un marché très concurrentiel, avec des évènements à couvrir identiques pour toutes les sociétés de sécurité. Les agents ont le choix de la société pour laquelle ils vont travailler. Sans compter qu’il manque des agents. Donc il y a plus de tensions sur ce secteur. C’est d’ailleurs une grosse problématique pour les JO de 2024. Mr Darmanin parle de réquisitionner les sociétés de sécurité. A fin 2022, il manquerait environ 300.000 agents de sécurité pour 2024…

 

Des habilitations professionnelles existent, elles sont en train d’être réformées…

Oui, deux types d’habilitations professionnelles existent.

Il y a tout d’abord les habilitations pour la société. Pour créer une société de sécurité privée, il faut une aptitude de dirigeant, une formation et une enquête de moralité qu’il faut régulièrement renouveler et justifier de l’absence de casier judiciaire.

Les agents de sécurité doivent passer un titre professionnel d’Agent de Prévention et de Sécurité, qui est assorti d’une enquête de moralité par le ministère de l’intérieur, et avoir un casier judiciaire vierge. Normalement cette formation dure un mois.

Ces habilitations sont nécessaires, pour faire les palpations de sécurité par exemple. Pour les J.O, le gouvernement a passé un décret pour que la formation ne dure plus que 15 jours, au lieu d’un mois, et envisage de créer un diplôme spécial à destination des étudiants pour avoir du personnel.

 

Quel est le positionnement d’AGP par rapport à cette période des JO de 2024 ?

Je ne pense pas qu’on se positionnera sur les JO. Chez AGP on travaille à taille humaine, avec des associations, car on a une relation client privilégiée. On connait le régisseur, le président de l’association… Il y a un rapport humain qu’on n’aura certainement pas avec les JO. Ça ne nous intéresse pas de répondre à des appels d’offre à bas coût, où il faudra de toute façon batailler sur le prix. Dans des grosses structures, il y a le risque d’être pris pour des numéros, de voir ses agents assez mal traités… Nous préférons préserver notre personnel et ne pas nous positionner.

Avoir commencé à travailler dans un secteur donné amène rapidement à être vu comme un spécialiste de ce secteur. On nous appelle car nous avons déjà travaillé dans le secteur musical. Nous avons développé notre clientèle de cette manière ; nous ne démarchons jamais.

Enfin, il faut aussi être sûr d’avoir les agents nécessaires avant de répondre à un marché. On en revient au problème de recrutement… Or nous recrutons tous dans le même bassin d’emploi. Sur des grands festivals comme le Hellfest, nous sommes plusieurs sociétés en concurrence « sur » les mêmes agents de sécurité potentiels…

 

Sur le plan administratif, une fois que le candidat est trouvé, se pose la question de la gestion des contrats et des paies. Comment cela se passe d’un point de vue chronologique ?

Une fois que nous avons recruté les agents, que nous avons tous leurs documents administratifs, le plus gros du travail c’est la planification.

Les agents qui travaillent avec nous ont tous un autre travail à côté. Même s’ils font les 3 jours d’un festival, ils ont peut-être déjà travaillé du lundi au jeudi sur leur autre poste. Donc la planification est essentielle : connaitre leurs disponibilités dans la semaine ou le mois qui suit pour savoir ce qu’ils peuvent faire avec nous et pour nos clients. J’ai besoin d’avoir un échange avec eux.

Une fois que nous avons leurs disponibilités et qu’ils sont d’accord pour travailler sur les dates proposées, nous réalisons les déclarations préalables à l’embauche et éditons les contrats de travail.

Même si nous cherchons à faire des contrats types, chaque contrat d’agent est différent car ils n’ont pas tous le même nombre d’heures de travail, le même nombre de clients vus, le même nombre de sites, le même taux horaire selon le niveau de qualification et la mission… Tout ça se fait individuellement et manuellement.

 

(lire la suite de l’interview d’Anne Cochin, co-gérante d’AGP Sécurité événementielle sur la collaboration avec Pop Paye)

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